Brazzaville, le 23 décembre 2020
· Monsieur le Président du Congrès ;
· Monsieur le Président du Sénat ;
· Monsieur le Premier ministre, chef du gouvernement ;
· Mesdames et messieurs les membres du gouvernement ;
· Mesdames et messieurs les parlementaires ;
· Mesdames et messieurs les ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques ;
· Mes chers compatriotes ;
Les dispositions constitutionnelles en vigueur dans notre pays prescrivent au Président de la République d’adresser, une fois par an, un Message sur l’état de la Nation au Parlement réuni en Congrès.
Je voudrais m’acquitter de ce devoir en rendant préalablement un vibrant hommage aux deux anciens Chefs d’Etat, Jacques Joachim YHOMBY OPANGO et Pascal LISSOUBA, que la mort a arraché à la Nation cette année.
J’exprime également ma profonde compassion à nos compatriotes dans l’affliction, suite à la disparition, en 2020, des êtres chers.
· Mes chers compatriotes ;
Dresser l’état des lieux de notre pays en 2020 et décliner les axes de notre action pour 2021, telle est l’articulation du présent message.
Cependant, il serait ardu d’honorer cette exigence constitutionnelle sans établir la liaison directe entre le contexte national et l’apparition de la pandémie de COVID-19 qui continue de désarticuler toutes les économies du monde.
Les secteurs économiques, financiers, sociaux, culturels, scientifiques et administratifs ont été fortement touchés par l’impact ravageur du CORONAVIRUS, ce qui m’amène à évoquer, à juste titre :
- les effets néfastes de ce fléau sur l’économie nationale ;
- l’organisation de la riposte à la pandémie ;
- les dispositions prises pour garantir nos ambitions de relance économique ;
- les avancées réalisées dans le domaine des infrastructures au niveau social ;
- les projets et les actions qui doivent, dès à présent, focaliser notre attention et au cœur desquels figurent l’assurance maladie universelle, la décentralisation ;
- la gestion de nos obligations internationales en matière de relations extérieures et de coopération, en dépit des restrictions imposées pour endiguer la circulation du CORONAVIRUS.
Il est aussi évident qu’on ne peut ignorer l’échéance électorale majeure qui pointe déjà à l’horizon, à savoir l’élection présidentielle de 2021.
·Mes chers compatriotes ;
Notre action, en 2020, a été menée dans un contexte particulièrement marqué par la pandémie de COVID-19. Contre ce péril, la riposte nationale a été immédiate et ferme.
A cet effet, les capacités de notre système de santé ont été renforcées grâce à l’acquisition, sur fonds propres, des équipements de protection individuelle, de matériels de laboratoire, de respirateurs, de quelques ambulances médicalisées et de médicaments contre le CORONAVIRUS.
Au 21 décembre 2020, 6.579 cas confirmés de contamination ont été dépistés au Congo, pour 5.449 guéris sur 74.714 personnes testées et, malheureusement, 105 décès.
Les villes de Brazzaville et Pointe-Noire demeurent les principaux foyers de contamination de COVID-19.
La zone rurale, naguère caractérisée par une faible propagation de la pandémie, abrite désormais des poches actives de contamination au CORONAVIRUS qu’il nous faut maîtriser.
Ce péril destructeur, qui a frappé même les plus puissants, a fortement dégradé la relance de notre économie, pourtant bien orientée à la fin de l’année dernière.
Face à cette situation inédite, la solidarité nationale s’est traduite par la mise en œuvre, par le gouvernement, d’un Plan de soutien comprenant, entre autres :
- des transferts monétaires aux ménages les plus démunis ;
- le fonctionnement des banques alimentaires ;
- l’aide aux actifs du secteur informel ;
- le fonds de solidarité COVID-19 ;
- le Fonds de soutien aux entreprises.
Malgré la conjoncture économique et financière préoccupante, ces différentes actions ont bénéficié des ressources de l’Etat et de l’apport des contributeurs privés nationaux et étrangers, auxquels nous adressons nos sincères remerciements.
C’est pourquoi, Nous réitérons notre appel à la communauté internationale pour un accompagnement soutenu à la République du Congo, face aux perspectives d’évolution peu rassurantes de cette crise sanitaire.
Dans notre pays, les indicateurs disponibles mettent en lumière une circulation de plus en plus intense de l’épidémie de COVID-19.
Le taux de positivité, qui était de 3% en octobre dernier, a dépassé le seuil de 8% au cours des dix premiers jours de décembre 2020, faisant redouter un rebond et une deuxième vague de propagation du virus.
Restons donc toujours mobilisés et vigilants, nonobstant l’espoir suscité par la découverte et l’introduction de vaccins.
Mes chers compatriotes ;
Je viens de faire référence à l’accentuation de la crise économique qui entrave le développement de notre pays, sous l’effet conjugué des revers du marché pétrolier et de la propagation du CORONAVIRUS.
L’économie nationale a connu un net repli depuis le choc pétrolier survenu en juin 2014, avec des taux de croissance négatifs du produit intérieur brut, générés par l’effondrement des cours du pétrole.
Face à ce profond marasme qui affecte tous les pays de la CEMAC, les Chefs d’Etat ont formalisé, le 26 décembre 2016, à Yaoundé, au Cameroun, l’urgence des réformes économiques et financières, dans le cadre d’une démarche sous régionale de sortie de crise.
Les efforts de redressement engagés par notre pays ont été stimulés par l’issue fructueuse des négociations avec le Fonds monétaire international.
L’approbation, le 11 juillet 2019, de notre programme économique et financier triennal, 2019 – 2022, au titre de la Facilité élargie de crédit, confère à notre pays une plus grande marge de discussion avec les partenaires au développement.
La restructuration de la dette du Congo ainsi que les premiers appuis budgétaires octroyés par les partenaires bilatéraux et multilatéraux ont été rendus possibles grâce à nos avancées avec le Fonds monétaire international.
Pourtant, alors que les indicateurs macro-économiques amorçaient une timide reprise suite aux efforts internes de réformes structurelles et du soutien du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et des partenaires bilatéraux, comme la France et la Chine, la dynamique de stabilisation économique et financière a été brisée, en 2020, par la chute persistante des cours du pétrole et, singulièrement, par la contraction de la demande intérieure due aux mesures de confinement consécutives à la lutte contre la pandémie de COVID-19.
De ce fait, les recettes totales sont passées de 4.152 milliards de francs CFA en 2014, à 1.469 milliards de francs CFA à fin décembre 2020, soit une baisse de 65%, sous l’effet de la chute des recettes pétrolières qui devraient ressortir à 778 milliards de francs CFA, après un total de 2.505 milliards de francs CFA en 2014, représentant une baisse de 68%.
L’effondrement des recettes totales a eu, pour conséquence immédiate, un ajustement des dépenses publiques, qui devraient s’élever à 1.638 milliards de francs CFA en décembre 2020, après un niveau de 3.151 milliards de francs CFA en 2014, soit une baisse de 48%.
Cette chute drastique des dépenses totales est imputable à l’effondrement des dépenses d’investissements qui ont été divisées par 6, passant de 1.997 milliards de francs CFA à 330 milliards de francs CFA à fin 2020, soit une baisse de 83%.
Les prévisions même les plus optimistes annoncent une décélération encore plus accentuée de l’activité économique en 2020.
Dans ce contexte marqué par un besoin important de financement, la mobilisation optimale et la sécurisation rigoureuse des recettes de l’Etat, qui demeurent l’épine dorsale de notre action, confirment :
- la nécessité de poursuivre la modernisation de nos régies financières et de veiller sur leur bonne tenue ;
- l’exigence de l’observation rigoureuse de l’orthodoxie budgétaire ;
- la quête de l’efficience et de l’efficacité de la dépense publique.
D’ores et déjà, nous avons retenu une série de mesures pour améliorer les recettes de l’Etat, notamment :
- la fin des exonérations exceptionnelles ;
- le contrôle et le suivi, en temps réel, des transferts de fonds et paiements électroniques ;
- la promulgation du nouveau code forestier ;
- l’élargissement de l’assiette fiscale du secteur forestier ;
- l’institution du régime de partage de production dans le secteur forestier ;
- l’obligation de la transformation intégrale des grumes sur le territoire national ;
- le passage à la phase de production de nouveaux permis d’exploitation minière.
L’amélioration des recettes de l’Etat est une condition sine qua non pour soutenir et accélérer la reconfiguration de l’espace économique et financier national. La solvabilité de la demande des ménages et des entreprises en dépend.
A ce jour, au titre de cette année 2020, les salaires des agents de l’Etat ont été versés de manière régulière.
Toutefois, les tensions de trésorerie, dues à la baisse drastique des recettes de l’Etat, ont rendu irrégulier le paiement des bourses académiques et des pensions de retraite.
Le gouvernement est donc appelé à redoubler d’effort afin de parvenir à une couverture adéquate des bourses d’étudiants et des pensions des retraités.
Il s’agit également de définir, une fois pour toute, une stratégie efficace pour un apurement progressif de ces arriérés, qui constituent des créances exigibles vis-à-vis de l’Etat.
Dans cette logique, le Mécanisme du Club de Brazzaville a procédé, au bénéfice des créanciers de l’Etat, au règlement de la première tranche de la dette intérieure pour un montant de 320 milliards de francs CFA.
Au-delà de sa triple dimension sociale, commerciale et financière, cette opération devrait contribuer, entre autres, à stimuler la demande intérieure et impulser l’investissement afin de contribuer à la relance de l’économie nationale.
·Mes chers compatriotes ;
Malgré cette conjoncture difficile, nous gardons la constance de notre logique et la cohérence de notre vision dans la marche vers le développement qui se concentrent essentiellement sur la poursuite de la mise en place des infrastructures de base.
Dans cette optique, quelques modestes ressources ont été consacrées, cette année, à la réalisation de certains projets et services sociaux.
S’agissant des infrastructures de transport, le réseau routier s’est encore densifié depuis l’inauguration, en mars 2020, du tronçon Sembé – Souanké – Ntam – Frontière du Cameroun, prolongeant de 143 kilomètres l’aménagement et le bitumage de la route d’intégration sous régionale Ketta – Djoum 2.
L’aménagement et le bitumage du tronçon Dolisie – PK 32 ainsi que la construction du pont sur la rivière Niari sont en cours de réalisation sur la route d’intégration régionale N’dendé – Dolisie.
En matière d’électrification rurale, après la ligne Ollombo – Abala et l’alimentation de la communauté urbaine de Mfouati en 2019, la desserte de la localité de Boko-Songho et la ligne Gamboma - Ongogni, respectivement dans les départements de la Bouenza et des Plateaux, viennent d’être mises en service.
En lien avec ces modestes efforts consentis, cette année, dans le domaine des infrastructures, l’opération de pavage des voiries à Brazzaville et Pointe-Noire confère une dimension plus importante à l’aménagement du cadre de vie en milieu urbain.
Ces initiatives à haute intensité de main-d’œuvre, qui se sont multipliées dans les grandes agglomérations au cours de cette année, constituent d’importantes niches d’emplois temporaires pour les jeunes, en complément des cadres classiques d’accès au marché du travail.
L’érosion de NGamakosso à Brazzaville, à l’origine des destructions de nombreuses habitations et emprises publiques, a été confortablement maîtrisée.
Le système d’adduction d’eau potable de la ville de Brazzaville fait actuellement l’objet d’extension et de réhabilitation, l’objectif visé étant de réaliser 40.000 nouveaux branchements domestiques.
En ce qui concerne la construction du marché domanial de l’arrondissement LUMUMBA à Pointe-Noire, le gouvernement entend mettre en service, à court terme, le premier module de cette infrastructure moderne offrant 2.140 places aux usagers.
Sur le plan sanitaire, il nous faut encore poursuivre l’effort pour doter notre pays d’infrastructures de haut niveau, animées par des personnels qualifiés et compétents.
Dans cet ordre, notons les deux accords signés avec la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale pour le renforcement des plateaux techniques du Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville et pour la mise à niveau du Laboratoire national de santé publique et du Centre de transfusion sanguine.
La nouvelle formation hospitalière des Armées ouvrira son premier module en 2021.
La revitalisation de certains districts sanitaires a permis de cibler la réhabilitation et l’équipement de 14 centres de santé intégrés à l’intérieur du pays.
Le déploiement imminent des 314 nouveaux médecins formés à CUBA et à la Faculté des sciences de la santé de Brazzaville contribuera à renforcer les effectifs du corps médical dans les structures précitées.
Dès lors, la question de la qualité du capital humain reste primordiale car elle met en exergue celles de l’apprentissage, de la qualification et du chômage qui ne peuvent être dissociées de l’employabilité des jeunes, conditionnement nécessaire pour leur accessibilité au marché du travail.
Ainsi, l’ouverture de lycées techniques mixtes, respectivement dans les départements de Pointe-Noire, du Pool, des Plateaux, de la Cuvette, de la Sangha et de la Likouala, offre de nouvelles opportunités de formation aux jeunes.
De même, dans mon message sur l’état de la Nation en 2019, J’avais annoncé la construction du centre national de formation initiale et continue des enseignants de Mouyondzi.
Cette structure est achevée et les écoles d’application ont été identifiées.
Le recrutement de 2.000 enseignants, également indiqué en 2019, est en cours d’exécution à travers la prise des textes administratifs y afférents par les ministères en charge des enseignements et du budget.
Après le déploiement des quotas annuels de recrutement au niveau des départements ministériels, le gouvernement est, à présent, tenu de faire aboutir, dans les délais raisonnables, les textes d’intégration des nouveaux agents de l’Etat, souvent des jeunes, dans les cadres réguliers de la fonction publique.
Par ailleurs, le secteur de la justice a enregistré la construction et l’équipement de la maison d’arrêt de Ouesso ainsi que la réception du palais de justice d’Owando, respectivement dans les départements de la Sangha et de la Cuvette.
Dans ce domaine, le dispositif de lutte contre les antivaleurs a connu l’installation, dans leurs fonctions, des membres de la Haute autorité de lutte contre la corruption et de ceux de la Commission nationale de transparence et de responsabilité dans la gestion des finances publiques.
L’état de droit et la promotion des droits de l’homme participent d’un engagement irréversible pour notre pays.
Depuis 2009, le Congo s’est régulièrement soumis à l’Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.
Pour la troisième fois consécutive, les résultats du passage de notre pays à cette évaluation, en novembre 2018 à Genève, confirment les efforts de la République du Congo dans le respect des droits de l’homme.
A l’image des années précédentes, nous avons encore noté, en 2020, les encouragements du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies qui vient de prononcer un non-lieu, suite à la plainte émise contre le Congo pour une présumée violation desdits droits lors du référendum constitutionnel d’octobre 2015.
Cette décision, qui reconnait nos avancées en faveur de la promotion des droits de l’homme, constitue un cinglant démenti aux affabulations des ennemis de la République du Congo.
· Mes chers compatriotes ;
Dans quelques jours, nous atteindrons l’année 2021. Notre ambition légitime est de continuer de doter le Congo des atouts de son développement économique et social.
Les acquis susmentionnés, qui portent la transformation et, plus spécifiquement, la modernisation progressive de notre pays, se greffent sur les multiples performances antérieures. Ils inscrivent, au cœur de notre parcours, la logique salvatrice d’un engagement et d’un effort à poursuivre inlassablement dès le début de l’année 2021.
Nonobstant la morosité actuelle de la situation économique et financière, nous conduirons à terme les engagements pris.
Ainsi, l’instauration de l’assurance maladie universelle reste un objectif à notre portée.
Pour cela, un engagement de 27 milliards de francs CFA a été inscrit dans la loi de finances exercice 2021 pour un démarrage diligent de ce régime de sécurité sociale.
Convenons que la couverture sanitaire universelle ne peut être fonctionnelle sans des personnels qualifiés de santé et des plateaux techniques de qualité.
Le gouvernement doit prendre les dispositions nécessaires pour l’achèvement rapide des deux hôpitaux généraux sis au quartier Nkombo à Brazzaville et dans la localité de Loango, dans le département du Kouilou.
Dans un registre identique, l’université de Kintélé, source de fierté légitime pour la République du Congo, s’apprête à accueillir ses premières promotions d’étudiants.
Imposant creuset du savoir au service de la jeunesse congolaise et africaine, l’université de Kintélé ouvre de nouveaux horizons de connaissance plus adaptés à nos défis de la Formation et de l’Emploi.
La planification des travaux a rendu disponible une capacité d’accueil de trois écoles, en l’occurrence, la Faculté des sciences, l’Institut supérieur d’architecture, urbanisme, bâtiment et travaux publics et l’Institut supérieur des sciences géographiques, environnementales et aménagement, qui constituent le bloc inaugural de cette université.
Dès lors, le gouvernement est tenu de matérialiser le démarrage des premiers modules de cette institution académique.
Au titre des projets de premier périmètre en 2021, la route nationale n° 2, reliant Brazzaville à la zone septentrionale de notre pays, a connu une forte dégradation.
Des efforts importants sont actuellement investis pour réhabiliter, élargir et renforcer cet axe.
La circulation est redevenue normale sur le tronçon Brazzaville – Odziba suite à la mise en place de la couche de base en grave bitume, en attendant le revêtement de la couche de roulement.
J’enjoins au gouvernement d’assurer la mise aux normes de la route nationale n° 2 pour, qu’à terme, sa gestion soit confiée en concession à une société crédible.
Toutes les dispositions doivent être également prises en vue de finaliser les 19 kilomètres de route restants du tronçon Boundji – Ewo.
Quant à la Zone économique spéciale de Pointe-Noire qui s’étend sur 2.790 hectares, 651 propriétaires de terrains ont été expropriés et indemnisés, à raison de plus de 7 milliards de francs CFA.
Les enquêtes parcellaires portant sur la superficie de démarrage de 1.600 hectares ont été réalisées et les démolitions débutées.
Les départements ministériels concernés par l’implantation de ce parc industriel sont appelés à donner une impulsion décisive à la réalisation des étapes menant à la mise en valeur effective des espaces fonciers mobilisés.
Le raccordement de la Zone économique spéciale de Maloukou au réseau électrique national, par la construction de la ligne haute tension de 225 kilovolts, est en cours de réalisation.
Cet handicap, qui entrave la mise en service de ce joyau industriel prometteur en termes d’opportunités d’emplois pour la jeunesse, doit être levé sans atermoiements.
Les équipements électriques destinés à l’installation de la ligne Boundji – Ewo sont déjà acquis.
En outre, les travaux de construction de la ligne électrique Djambala - Lékana, avec une extension sur les localités de Kébara et Lagué, dans le département des Plateaux, ont été lancés récemment.
Je demande que soit imprimé un rythme plus soutenu dans la réalisation de ces deux infrastructures électriques, afin que leur mise en service intervienne courant premier trimestre de l’année 2021.
Il nous faut diligenter les travaux de construction de la verrerie de Lifoula à Kintélé et de la nouvelle raffinerie de pétrole à Fouta dans le département du Kouilou ainsi que l’ouverture des plantations forestières, agro-forestières et agro-industrielles dans la zone de Léfini – Ngo – Mpouya, dans le département des Plateaux.
Ces actions concourent à la diversification de l’économie nationale. Là, se joue aussi, pour notre pays, un palier décisif de son industrialisation, source de nombreux emplois pour les jeunes.
Du fait de son importance de plus en plus stratégique, Je ne peux clore l’évocation des initiatives réalisées et des projets en cours sans m’appesantir sur le processus de décentralisation engagé dans notre pays.
La décentralisation a bénéficié, en 2020, d’un complément décisif du cadre législatif sur le transfert de compétences aux collectivités locales, en application des dispositions de la Constitution du 25 octobre 2015.
En effet, ce domaine a été doté de quatre lois répartissant les compétences entre l’Etat et les collectivités locales et définissant les modalités de leur exercice par le département et la commune dans les matières ci-après :
- la santé de base ;
- l’enseignement préscolaire, primaire et secondaire ;
- l’entretien routier ;
- l’urbanisme et l’habitat.
En exécution de ces lois, 7 décrets d’application fixent les modalités de fonctionnement des structures scolaires et de santé relevant des collectivités locales.
Ainsi, à compter de l’année 2021, la gestion des établissements scolaires, des hôpitaux de base, des centres de santé intégrés et des postes de santé incombera aux collectivités locales.
Pour accompagner ce processus et rendre effectif le principe de la concomitance du transfert des compétences et des ressources, des crédits budgétaires évalués à 14 milliards 80 millions de francs CFA ont été inscrits dans les transferts aux collectivités locales au titre de la loi de finances exercice 2021.
A cet effet, J’engage le gouvernement à prendre toutes les mesures afin que les crédits transférés parviennent effectivement à chaque structure de base concernée, pour une utilisation et une gestion efficientes.
De même, Je demande au gouvernement de procéder, sans délai, à l’amélioration de la fiscalité locale, notamment en simplifiant les procédures de reversement des dotations de l’Etat, des ressources alimentant le fonds du développement des collectivités locales ainsi que celles relatives au recouvrement et à la rétrocession des recettes fiscales des collectivités locales.
S’agissant du fonds de développement local, la répartition des ressources devrait prendre en compte les collectivités locales à revenu fiscal faible en introduisant une péréquation en leur faveur.
Ainsi, l’Etat décentralisé, cité à l’article premier de la Constitution du 20 octobre 2015, quitte lentement mais sûrement l’emprise de l’Etat central pour être l’outil, par excellence, de la démocratie de proximité et du développement local.
·Mes chers compatriotes ;
En matière de politique étrangère, notre pays a déployé une intense activité diplomatique durant l’année qui s’achève.
La tenue, les 28 et 29 octobre 2020 par visioconférence à Brazzaville, de la Commission mixte de coopération économique, commerciale et technique entre le Congo et la Chine a permis de passer en revue les préoccupations qui sous-tendent les relations entre les deux pays.
Au niveau régional et sous régional, au nombre des initiatives de paix et de sécurité, notre pays a participé, le 19 janvier 2020, à la conférence de Berlin sur la Libye qui a confirmé, une fois de plus, la pertinence et la justesse de la position de l’Union africaine sur la sortie de crise dans ce pays.
Cette rencontre de haut niveau a permis de noter le rôle important joué par le Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye en faveur de la stabilisation, de la réconciliation nationale, de la paix, de la sécurité et du dialogue politique inter-libyen.
Je rappelle, par ailleurs, la 8ème réunion du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, tenue le 30 janvier 2020 à Brazzaville et la première réunion du Groupe de contact de l’Union africaine sur la Libye, le 12 mars 2020 à OYO.
La situation libyenne a évolué avec la signature, le 23 octobre 2020 à Genève, d’un accord de cessez-le-feu entre les parties belligérantes, prélude à un forum inter-libyen devant déboucher sur l’organisation des élections générales dans ce pays frère.
Au titre du processus d’intégration sous régionale, le Congo a pris part aux 17ème et 18ème sommets des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEEAC, tenus respectivement le 30 juillet 2020 par visioconférence et le 27 novembre 2020 à Libreville.
Notre pays a participé, le 5 décembre 2020, à la 13ème session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement sur la Zone de libre-échange continentale africaine qui vise, entre autres, à accroître le volume des échanges des biens et des services commerciaux régionaux et à renforcer la production et la compétitivité en matière de commerce.
Pour les 10 prochaines années, le Congo a élaboré sa stratégie d’action au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Notre pays, qui assure désormais la Présidence en exercice de la CEEAC, entend poursuivre les réformes institutionnelles en cours et impulser l’intégration physique régionale, en s’appuyant sur des projets d’envergure communautaire.
Au niveau multilatéral, les activités menées se sont focalisées, entre autres, sur la participation de notre pays :
- à la 73ème Assemblée mondiale de la santé, les 18 et 19 mai 2020 ;
- au premier sommet extraordinaire intersession des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation des Pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, le 3 juin 2020 ;
- à la 75ème session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, en septembre 2020.
En octobre 2020, notre pays a célébré le 80ème anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940 et du Manifeste de Brazzaville.
Cet événement a connu la participation remarquée des Chefs d’Etat de la République du Tchad, de la République Centrafricaine et de la République Démocratique du Congo.
Ce retour sur l’histoire commune de la France avec les territoires de l’ancienne Afrique Equatoriale, durant la deuxième guerre mondiale, a offert l’opportunité de magnifier les sacrifices des peuples africains qui ont versé de leur sang pour la France Libre et dans la lutte contre le nazisme.
·Mes chers compatriotes ;
La mémoire est un merveilleux outil sans lequel le jugement ne remplirait pas aisément son office. Un peuple, qui ignore son passé, ne peut ni fixer, ni s’approprier l’horizon de son avenir.
L’année 2020 s’achève. Dès le premier trimestre de 2021, se tiendra l’élection présidentielle, une échéance majeure.
Nos difficultés de l’heure ne doivent pas nous amener à emprunter le chemin hasardeux et dangereux de l’anti-constitutionnalité.
A propos de l’élection présidentielle, l’article 69 de la Constitution du 25 octobre 2015 stipule :
- « le premier tour du scrutin a lieu trente (30) jours au moins, et quarante (40) jours au plus, avant la date d’expiration du mandat du Président en exercice ».
Dans ce sens, la prochaine élection présidentielle devra avoir lieu au plus tard le 21 mars 2021.
C’est dans le dialogue que les idées se forment plus encore qu’elles ne se communiquent. Ceux qui ne sont pas des êtres de dialogue font généralement le lit des intégrismes et du fanatisme.
A deux reprises, grâce au dialogue, nous avons réussi à venir à bout de la crise sécuritaire dans le département du Pool.
En 2015, se sont tenues des assises politiques à Sibiti qui ont eu l’avantage de figer le dialogue dans notre Constitution.
Comme Je l’ai fait pour tant d’autres rencontres qui l’ont précédée, Je salue la récente concertation de Madingou.
Au-delà de toutes les spéculations, la plus grande victoire réside dans la participation de l’essentiel de la classe politique à ces assises pour échanger sur le processus électoral, en vue de sauvegarder la paix.
Depuis la tragédie de 1997 jusqu’à nos jours, c’est toujours à travers le dialogue que nous surmontons les diverses menaces et autres écueils pour consolider la démocratie et la paix, facteurs nécessaires à l’essor et au développement de notre pays.
Tel est l’enseignement le plus significatif qu’il nous faut retenir et graver dans le patrimoine mémoriel de la Nation.
Nous devons aller aux prochaines élections dans la transparence et la paix, en respectant les délais constitutionnels en vigueur.
Il nous faut préserver notre bien commun, le Congo. Nous l’avons reçu en héritage de nos ancêtres. Nous le léguerons, à notre tour, en héritage aux générations futures.
Mes chers compatriotes ;
Je voudrais clôturer mon propos tel que je l’ai débuté, à savoir par la pandémie de COVID-19.
Je me suis appesanti sur l’analyse de la conjoncture fortement marquée par la pandémie de COVID-19 dont les effets ravageurs inspirent d’anticipation.
Le serment constitutionnel, qui régit mon mandat, prescrit d’assurer la protection du Peuple congolais.
Ainsi, dès l’apparition de la pandémie, nous avons pris des mesures difficiles, tel l’état d’urgence sanitaire assorti d’un couvre-feu et du confinement des populations, la mise en quarantaine systématique des voyageurs en provenance de l’étranger.
Ces dispositions se sont pourtant révélées salutaires. Notre survie collective en dépendait.
Aujourd’hui, la grande actualité se focalise sur la disponibilité et l’accessibilité aux vaccins qui deviennent progressivement opérationnels contre le CORONAVIRUS, particulièrement dans les pays développés.
L’évolution globale de la situation, en lien avec la découverte et l’utilisation d’une série de vaccins, appelle à une action capable de faire bénéficier au Congo l’assurance d’une immunisation active à grande échelle.
Dès lors, J’engage notre pays sur la voie du vaccin et Je demande au gouvernement de mettre instamment en place un comité ad’hoc qui aura, entre autres, missions :
- de déterminer le type de vaccin le mieux adapté pour notre pays ;
- d’examiner la possibilité, pour notre pays, de tirer le meilleur profit de l’initiative internationale COVAX, dans sa composante de facilitation de l’accès aux vaccins ;
- de recueillir les informations afférentes à la disponibilité, l’accessibilité, la conservation et les conditions d’acquisition des doses vaccinales nécessaires pour le Congo ;
- de réfléchir sur la stratégie de vaccination à retenir pour éviter toute opération hasardeuse sur nos populations ;
- de se préparer financièrement, notamment, en disponibilisant les ressources nécessaires afin de réagir promptement, le moment venu.
Dans ce même registre, J’en appelle également à une compréhension partagée et équitable, en faveur d’une accessibilité effective et sans discrimination de chaque Etat aux vaccins contre le CORONAVIRUS, dès leur disponibilité.
Au regard de l’ampleur considérable des mouvements migratoires et autres déplacements des populations, devant la mutation progressive du monde en un village planétaire, toute exclusion et tout égoïsme dans l’approvisionnement en vaccins contre la pandémie ne peuvent être que suicidaires pour l’humanité entière.
Les dirigeants du monde doivent en prendre conscience et agir en conséquence.
· Peuple congolais ;
Tout au long de ton Histoire et devant l’épreuve, tu as toujours trouvé les leviers nécessaires pour vaincre l’adversité.
Cette fois-ci encore, par un sursaut de fierté, face à la pandémie de COVID-19 et aux contraintes inhérentes à la conjoncture économique et financière du moment, tu fais preuve de patriotisme, d’abnégation et de persévérance avec foi, optimisme et espérance devant le devoir qu’imposent le dessein de la Nation et le rayonnement de notre pays.
A l’évidence, certaines de nos actions n’ont pas apporté les satisfactions espérées. D’autres nécessitent, sans nul doute, des ajustements féconds.
Mais, il subsiste de nombreux points de satisfaction et d’encouragement dans l’œuvre accomplie et qui appellent à de nouveaux efforts pour leur consolidation.
Dès lors, au-delà de toutes autres considérations, seul prévaudra uniquement le fondement de notre combat commun, symbolisé par notre devise « Unité – Travail – Progrès », pour des victoires encore plus grandes au cœur d’une Afrique, chaque jour, plus consciente de son destin.
· Vive la République !
· Vive le Congo !
Je vous remercie.