Pour sa première prise de parole au Conseil exécutif de l'Unesco à l'occasion de sa 214e session, l’ambassadeur, délégué permanent de la République du Congo, Henri Ossebi, vice-président et porte-parole, a parlé au nom de l’Afrique.
L’Unesco tient la 214e session de son Conseil exécutif depuis le 30 mars jusqu'au 13 avril, à son siège parisien sis Place de Fontenoy. Dans sa déclaration le 5 avril, Henri Ossebi s’est dit honoré de représenter le Groupe électoral V (a) à la vice-présidence du Conseil exécutif, et a remercié vivement ses collègues pour cette marque de confiance. D’emblée, il a saisi cette occasion pour réitérer ses chaleureuses félicitations à Tamara Rastovac Siamashvili, présidente du Conseil exécutif, et lui a souhaité plein succès dans ses nouvelles fonctions.
Le vice-président a également félicité Audrey Azoulay, directrice générale de l'Unesco, pour son introduction au débat en plénière. En sa qualité de nouveau vice-président du Groupe V(a), il a salué sincèrement la dignité et le patriotisme d’Amara Camara qui, du fait des circonstances particulières, n’a pas pu assurer la continuité de son mandat dont il a pris la relève.
« Chers collègues, alors que le monde peine à sortir de la pandémie de covid-19, la guerre en Ukraine risque d’annihiler les efforts difficilement consentis par nos gouvernants pour un retour rapide à la normalité. Le monde vit actuellement des heures sombres, menaçant la paix mondiale et marquées notamment par un risque accru de famine et d’enchérissement généralisé du coût de la vie sur la planète, qui pénalisera notamment les pays pauvres. En décidant de se réunir en session extraordinaire, les 15 et 16 mars derniers, le Conseil exécutif n’est pas resté insensible au sort de l’Ukraine. Le Groupe V(a) appelle donc les belligérants à poursuivre les négociations, pour parvenir à une solution pacifique durable. Par ailleurs, nous sommes également interpellés pour intensifier la lutte contre la désinformation, les discours de haine aujourd’hui décomplexés, voire banalisés, dans les médias sociaux comme dans les médias traditionnels », a déclaré Henri Ossebi.
Renforcer l'impact de l'Unesco dans le vécu quotidien
Il a rappelé à ses collègues que malgré le contexte international tendu au début de ce biennium, le succès des activités liées aux priorités globales (Afrique et égalité des genres), tout comme celles relatives au Programme jeunesse et des petits pays insulaires en développement ne fera que renforcer l’impact de l’Unesco dans le vécu quotidien de la population la plus fragile.
« À cet effet, nous espérons que la Stratégie opérationnelle pour la priorité Afrique (2022-2029), adoptée lors de la 41e session de la conférence générale, sera mise en œuvre à la hauteur de nos attentes, notamment en ce qui concerne les cinq programmes-phares susceptibles de donner une nouvelle impulsion à cette stratégie », a ajouté le délégué permanent de la République du Congo.
Au nom du Groupe Afrique, Henri Ossebi a exprimé sa profonde gratitude à la directrice générale ainsi qu’à Firmin Edouard Matoko, sous-directeur général chargé de la priorité Afrique et des relations extérieures, et à l'ensemble du secrétariat pour le soutien constant qu’ils apportent au continent africain.
Évoquant l’engagement déjà manifesté pour l’Afrique de la part de la directrice générale, le délégué permanent du Congo a souligné combien celle-ci était unanimement appréciée au sein du groupe Afrique et conforte ses membres, dans l’espérance que l’application de la nouvelle stratégie se déroule convenablement, malgré les moyens limités.
« Votre implication ou votre présence physique, à l’occasion de certains événements de haute portée internationale, tels que la 6e édition de la remise du Prix international Unesco-Guinée équatoriale pour la recherche en science de la vie à Paris, le 14 mars 2022 ; la biennale de Luanda, du 27 au 30 novembre 2021 ; la finale de la Coupe d’Afrique des nations au football à Yaoundé, le 6 février 2022 ; plus récemment encore, le Forum mondial de l’eau, qui s’est tenu à Dakar du 21 au 26 mars 2022. Votre présence, disais-je, témoigne de votre forte empathie avec tout ce qui touche le continent africain. Les perspectives que vous avez indiquées par ailleurs, hier, dans votre discours, à l’ouverture de cette session, augurent incontestablement d’une opérationnalisation concrète, diversifiée et solide de la « Priorité Afrique », dont le Groupe africain a toujours souhaité voir se renforcer les effets sur le terrain », a laissé entendre Henri Ossebi.
L'éducation, moteur de l'accélération des progrès
Dans le même registre, il a rappelé quelques-unes des priorités que les États membres du Groupe Afrique souhaitent partager avec la directrice générale, dont la sauvegarde du patrimoine africain à travers un meilleur équilibrage de la liste du patrimoine mondial.
À ce sujet, l’Afrique se félicite de la nomination de Lazare Eloundou comme directeur du Centre du patrimoine mondial et des programmes de renforcement des capacités des experts entamés (mentorat, formation des gestionnaires de site, etc).
Par ailleurs, le diplomate congolais a mis en exergue la pandémie de covid-19 ayant montré l’importance de l’éducation en tant que moteur de la reprise mondiale et de l’accélération des progrès dans la réalisation du programme de développement durable à l’horizon 2030, l’organisation réussie du débat de haut niveau de la réunion mondiale sur l’éducation, et la mise en place d’un comité directeur de haut niveau pour renforcer l’action de coordination et de soutien à l’ODD-4 Education 2030. « Pour cela, nous souhaitons une meilleure synergie dans les actions initiées conjointement par le secrétariat de l’Unesco, d’une part, et celui des Nations unies par les priorités des Etats membres, d’autre part », a ajouté le délégué permanent.
Tenant compte du dérèglement climatique accentué, avec son cycle alterné des inondations et des sécheresses, le vice-président a fait la plaidoirie du Bassin du Congo. « Le deuxième bassin mondial de biodiversité soutient et soutiendra toujours les initiatives de l’Unesco en faveur de la préservation de la biodiversité et la mobilisation des ressources significatives pour lutter contre la déforestation à travers notamment le "Fonds bleu pour le bassin du Congo" ainsi que cela a été rappelé par le président Denis Sassou N'Guesso successivement à la Cop 26, à Glasgow et à Dakar, lors du récent sommet mondial sur l’eau. Aussi est-ce avec une grande satisfaction que ma délégation constate la prise en compte de ces problématiques dans l’ordre du jour de la 214e session du Conseil exécutif », a assuré Henri Ossebi.
Enfin, à l’occasion du 25e anniversaire du projet « Route de l’esclavage », son Comité scientifique international, lors de sa table ronde au Bénin en 2019, a proposé un titre « Route des personnes mises en esclavage : résistance, liberté et patrimoine ». « Le Groupe Afrique réaffirme que, en dépit du changement de l’intitulé du projet, ce dernier devrait maintenir son orientation sur l’esclavage transatlantique, en insistant notamment sur sa dimension historique et ses conséquences actuelles », a-t-il laissé entendre.
Remerciant l’assistance pour son aimable attention, Henri Ossebi a terminé sa déclaration tout en souhaitant plein succès aux travaux de cette session du Conseil exécutif.
Marie Alfred Ngoma (ADIAC)