En hommage au gouverneur général de -Equatoriale française (AEF), et à l’occasion de la date anniversaire de la fin de son administration, l’ambassadeur de France, François Barateau, et le ministre de la Défense, Charles Richard Mondjo, ont déposé, le 28 février à Brazzaville, de gerbes de fleurs au pied de la stèle érigée en sa mémoire.
Hautement symbolique, la cérémonie commémorative s’est déroulée en présence de l’attaché de défense, le Colonel Cazenave-LaVie, des membres du corps diplomatique, des autorités congolaises et françaises, des forces armées congolaises et des anciens combattants.
Après l’exécution des hymnes nationaux, et peu avant le dépôt des gerbes, l’attaché politique à l’ambassade de France a fait l’évocation d’hommage à Adolphe-Sylvestre-Félix Éboué.
« Dans l’adversité la plus grande et dans l’accablement de la défaite de juin 1940, Félix Eboué fut de ceux qui surent reconnaître ce à quoi tenait véritablement la France et qui virent dans la poursuite de la lutte la seule voie à même de garantir son salut, la perpétuation de ses valeurs et le rétablissement de la paix mondiale », a rappelé Clément Ittelet.
Parlant de Brazzaville, la capitale congolaise devenue le pivot à partir duquel s’organisera la libération du territoire métropolitain, il a indiqué : « Brazzaville a été au cœur de ce pan d’histoire franco-africaine. Elle fut trois années durant la première capitale politique et économique de la France libre. C’est en effet ici que le général de Gaulle prononcera son Manifeste et édictera ses premières ordonnances, qui institueront le premier organe de gouvernement de la France libre ».
En effet, c’est de Brazzaville que partiront les premières forces armées de la France libre, et c’est grâce aux routes qu’Éboué a fait construire que la colonne Leclerc a pu gagner l’Afrique du Nord via le Tibesti.
« La République du Congo garde aujourd’hui fièrement le souvenir de cette époque, comme en témoignent la Case de Gaulle, bien sûr, mais également la Basilique Sainte Anne et ce stade, dont les constructions sont l’une des nombreuses réalisations issues du programme de développement et d’embellissement de Brazzaville, impulsé par Félix Eboué, après qu’il eut été nommé à la tête de l’A.E.F. en novembre 1940 », a précisé l’attaché politique.
Pour l’ambassadeur de France, « 2020 sera une grande année de mémoire partagée entre le Congo et la France autour des personnalités comme Charles De Gaulle et Félix Eboué, une personne centrale de cette histoire partagée entre la France et le Congo. Pour la République française, Félix Eboué est un exemple d’ascension sociale, malgré toutes les adversités ».
Alors que l’année 2020 marque le 76e anniversaire de son départ de Brazzaville, et par de nombreuses commémorations des grands moments de l’histoire partagée entre la France et la République du Congo, l’ambassade de France pense que cette cérémonie d’hommage à Félix Eboué « témoigne de la reconnaissance des deux pays pour l’action du visionnaire humaniste qu’était le gouverneur général de l’Afrique équatoriale française ».
Encadré : qui est Félix Eboué ?
Félix Eboué est né le 26 décembre 1884 à Cayenne (Guyane française). Devant la menace d’un conflit mondial, il est nommé gouverneur du Tchad avec pour mission d’assurer la protection de la voie stratégique vers le Congo. Dès le 18 juin 1940, Félix Eboué se déclare parmi les premiers partisans du général De Gaulle dont il entend l’appel à la radio. Le 26 août 1940, il proclame, avec le colonel Pierre Marchand, commandant militaire du territoire, le ralliement officiel du Tchad à la France libre, donnant ainsi le « signal de redressement de l’Empire tout entier » et conférant une légitimité politique à cette vision jusqu’alors dépourvue de tout territoire. Il est ainsi le premier parmi les chefs coloniaux à refuser l’armistice, entraînant ainsi dans la résistance toute l’Afrique équatoriale et le Cameroun. Après avoir reçu le général de Gaulle à Fort-Lamy (actuel N’Djamena) le 15 octobre 1940, Félix Eboué est nommé le 12 novembre gouverneur général de l’Afrique équatoriale française (AEF).
En janvier 1941, il est ainsi un des cinq premiers Français décorés par le Général de la Croix de la Libération et nommé membre du Conseil de l’Ordre de la Libération. A la même époque, il libère les chefs africains incarcérés et commence à définir les grandes lignes d’une politique indigène en AEF qui devra s’appuyer sur les élites locales, maintenir et développer les structures sociales déjà existantes et améliorer les conditions de travail tout en favorisant le développement économique. Il soutient aussi en priorité la poussée des Forces françaises libres (FFL) combattant en Afrique du Nord. Il transforme ainsi l’AEF en une véritable plaque tournante géostratégique dont Brazzaville est le cœur et d’où partent les premières forces armées de la France libre, conduites par les généraux de Larminat, Koenig et Leclerc. Il organise une armée de 40 000 hommes et accélère la production de guerre ; il peut enfin appliquer la « politique indigène » qu’il a eue le temps de mûrir au cours de sa prestigieuse carrière.
Du 30 janvier au 8 février 1944, Félix Eboué participe activement à la conférence de Brazzaville ouverte par le général de Gaulle sur la question coloniale; il y voit son étude sur La Nouvelle Politique indigène et l’Assimilation reprise et adaptée avec succès. Cette conférence signera la fin de son séjour à Brazzaville car, accablé de fatigue et désireux de rejoindre sa terre natale, il quitte Brazzaville le 16 février 1944 via Kinshasa puis la Syrie. Il décède quelques mois plus tard au Caire en Egypte le 17 mai 1944. Il repose au Panthéon national, parmi les plus grands serviteurs de la France ; aux Antilles et en Afrique noire, l’histoire de sa vie se confond avec la légende.