A Paris, Denis Sassou N’Guesso appelle à la solidarité des nations

Dans son intervention, le chef de l'Etat congolais a lancé un message fort pour raviver le multilatéralisme.

« Le coronavirus a montré que le monde n’était, en réalité, qu’un village planétaire. Face à cette pandémie, les peuples et les Etats doivent rester solidaires. A ce sujet des enseignements doivent être tirés pour que l’évolution déséquilibrée des relations internationales ne débouche pas sur des menaces à la paix et à la stabilité de l’Afrique. »

C’est par ces mots que le président de la République du Congo a interpellé mardi les participants au sommet sur le financement des économies africaines. Un auditoire constitué d’une vingtaine de chefs d’Etat africains et européens, à commencer par le président du pays hôte de la conférence, Emmanuel Macron, et les grands bailleurs internationaux dont la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.

Cette alerte du chef de l’Etat congolais à « ne pas laisser l’Afrique au bord de la route » n’aura pas manqué de marquer les esprits de son auditoire. Car au-delà d’un appel à la générosité, c’est bien l’équilibre de l’Afrique, et par ricochet de l’Europe tout entière, qui est en jeu. En appelant à œuvrer pour « raviver le multilatéralisme qui est le fondement de toute communauté d’action », Denis Sassou N’Guesso a pointé du doigt ce qu’il a appelé « l’ampleur des nouveaux défis communs ».

Les défis du développement, de la paix et de la sécurité sont étroitement liés. Tandis que l’Afrique doit développer son secteur privé et se doter des infrastructures, elle se heurte à un environnement sécuritaire fracturé, a prévenu le chef de l’Etat ajoutant : « C’est ainsi qu'il devient impérieux d’établir un lien entre sécurité - investissement - développement », a-t-il martelé.

Le message est on ne peut plus clair, mais la réalité s’avère plus complexe. En particulier quand il s’agit de la concrétisation des initiatives prises par les grandes nations. Evoquant la Facilité d’urgence de la pandémie du Covid-19, Denis Sassou N’Guesso  a ainsi rappelé qu’elle n’a pas bénéficié à tous les Etats africains, « dont mon pays, la République du Congo. »

A propos des initiatives récentes de traitement de la dette africaine, il a regretté « leurs difficiles conditions d’accès ». Et n’a pas manqué de préciser : « Pour cela, je continue de plaider en faveur de l’annulation de la dette africaine. »

Quant à l’allocation des droits de tirage spéciaux (DTS) annoncée, il en a salué l’initiative et souhaité sa mise en œuvre rapide tout en demandant qu’une partie de ces DTS soit utilisée pour racheter le lourd fardeau de la dette commerciale.

« C’est bien pourquoi nous voudrions appeler les pays développés à réaffecter leurs parts de DTS par le biais de canaux appropriés comme le FMI ou la BAD, en vue de la croissance et de la réduction de la pauvreté », a-t-il ajouté.

Pour le chef de l’Etat, il est venu le temps de mettre en place un mécanisme de stabilisation sur le continent pour faire face aux divers chocs. C’est ainsi que s’adressant aux chefs d’Etat africains présents il a eu ces mots : « Comme les pays européens l’ont fait au lendemain de la crise financière de 2009-2010, nous, nations africaines, devrions tirer les leçons de la crise actuelle et nous doter de notre propre mécanisme pour prévenir et faire face rapidement à la survenue de tout choc extérieur futur. Ce mécanisme africain de stabilisation financière serait basé sur le principe de la mutualisation des ressources (sous forme de dette commune), dont l’accès serait subordonné au respect des critères de convergence macroéconomique. »

Denis Sassou N’Guesso a conclu son intervention en appelant à l’assouplissement des conditions d’accès aux mécanismes de financement des économies africaines et « à la concrétisation des engagements auxquels nous allons souscrire au cours de cette réunion. ». Un vœu partagé par les Africains : qu’il ne s’agisse pas de nouvelles vaines promesses.

Bénédicte de Capèle et Marie-Alfred Ngoma (ADIAC)

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