Le ministre des affaires étrangères, de la francophonie et des congolais de l’étranger, Jean Claude Gakosso a relevé le 25 mai à Brazzaville que, La 61ème journée internationale de l’Afrique était l’occasion de renouveler l’engagement en faveur des idéaux du panafricanisme.
« Le panafricanisme, cette vision d’une Afrique unie et solidaire, porté puissamment par N’Kame Nkrumah , pour ne citer que lui est aujourd’hui plus pertinent que jamais. Il nous rappelle que, malgré la diversité de nos origines, de nos traditions et de nos croyances, nous partageons bien un destin commun. Et, ce destin, nous devons la construire ensemble, main dans la main, en surmontant nos divisions qui nous ont trop souvent affaiblis », a indiqué le ministre Jean Claude Gakosso, à l’occasion de la célébration de la 61ème journée internationale de l’Afrique.
Pour le ministre Jean Claude Gakosso, l’unité africaine est en vérité la clé de voûte du succès collectif des africains. Elle ne se signifie nullement béate uniformité, mais plutôt harmonie dans la diversité.
« C’est en brassant embrassant nos apports que nous pourrons renforcer notre cohésion et notre résilience face aux graves défis que pose notre monde : retard économique de l’Afrique, pauvreté endémique, conflits meurtriers, violence aveugle, changements climatiques. A l’échelle de notre continent, ces défis ne peuvent être résolus que par des politiques communes et des efforts conjoints », a-t-il poursuivi.
Le ministre Jean Claude Gakosso a estimé que l’intégration africaine est un processus essentiel pour la prospérité économique de l’Afrique. La Zone de libre-échange continental africaine (ZLECAF) est le pilier fondamental de cette intégration. Elle représente non seulement une extraordinaire chance de redynamisation du commerce intra-africain, mais aussi l’opportunité de renforcer la position du continent sur la scène mondiale.
« La solidarité africaine est à nos yeux la seule réponse sérieuse et crédible face à ces défis divers et variés, auxquels nous ne pourrons nous dérober : conflits armés, crise sanitaire, migrations désordonnées , transition énergétique, etc », a souligné le ministre Jean Claude Gakosso.
Déclaration du gouvernement à l’occasion de la 60e journée internationale de l’Afrique
Mesdames et messieurs !
La mémoire africaine n’oubliera jamais que c’est bien la cupidité et les convoitises inassouvies des puissances étrangères pour les richesses naturelles de notre continent qui ont conduit à la « Conférence de Berlin » ! Conférence de triste mémoire au cours de laquelle l’Afrique fut mise en coupe réglée et saucissonnée en menus quartiers comme du bon gibier aux Noces de Cana !
Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, sur l’ensemble du continent – l’Ethiopie mise à part - des civilisations entières, souvent millénaires, furent brutalement spoliées et écrasées. Mais, fort heureusement, le XXe siècle a consacré l’éveil des consciences et donné de l’acuité au réveil des peuples opprimés.
Le combat héroïque des Africains pour leur émancipation politique, économique et culturelle, ainsi que la lutte pour l’abolition de l’apartheid - la forme la plus odieuse de la domination fondée sur la « race » - ont définitivement sonné le glas de cette domination qui s’était forgé un semblant d’argumentaire à partir d’écrits racistes, nourris par cet obscurantisme de type médiéval qu’ont tour à tour tenté de légitimer des penseurs comme Hegel ou Nietzsche.
Fragilisée par sa balkanisation, traumatisée par le martyre infligé à ses jeunes leaders par les anciennes puissances tutélaires, l’Afrique à peine libérée du joug colonial n’était de toute évidence pas le continent le mieux outillé face à la mondialisation qui allait déployer son rouleau compresseur quelques années plus tard, à la jonction des deux siècles.
En créant l’Union africaine au Sommet de Durban, en juillet 2002, les chefs d’Etat du continent ont voulu relancer le projet d’unification politique du continent dont était déjà porteuse l’Organisation de l’unité africaine, tout en lui donnant plus de moyens pour son action. Et, ce, par le biais d’une union d’Etats membres travaillant avec des objectifs identiques pour élaborer des positions similaires sur des sujets présentant un intérêt pour l’ensemble du continent.
En travaillant à l’élaboration de politiques communes, les chefs d’Etat du continent ont voulu doter l’Afrique d’une chance supplémentaire, capable de lui permettre d’occuper sur la scène internationale la place qui lui revenait de plein droit, de peser sur les débats et d’influer sur le cours de l’histoire.
C’est donc bien le problème de la présence africaine dans l’histoire moderne qui se trouve posé à travers le débat timoré sur un éventuel gouvernement de l’Union africaine ou sur cette utopie généreuse des Etats-Unis d’Afrique dont rêvaient nos pères fondateurs.
Au moment où l’intégration économique de notre continent ne semble plus être une vue de l’esprit - la Zone de libre échange continentale africaine étant désormais effective - on peut se réjouir de ce que la plupart d’entre nous aient compris que le plus important réside à présent dans l’émergence de la puissance économique africaine. Une puissance économique dont procédera et dépendra tout le reste, notamment :
Mesdames et messieurs !
D’aucuns décrivaient l’Afrique comme un univers hors du temps. Ils la disaient isolée du reste du monde, déconnectée des transformations et des bouleversements en cours au Sud de la planète. Or, voici qu’émerge une tout autre réalité !
On voit aujourd’hui un continent qui est bien entré dans l'ère des économies intégrées et de l'instantanéité de l'information ; un continent qui est bien arrimé à l’accélération des flux de capitaux et des échanges de biens et services.
Depuis une quinzaine d’années, dans la majeure partie de l'Afrique, on voit des échanges dans les domaines du commerce, des voyages et des télécommunications se développer à un rythme soutenu. Non seulement les secteurs les plus évolués du continent sont directement branchés sur les réseaux financiers mondiaux, mais, même dans les zones les plus reculées, les nouvelles technologies ont fait entrer la modernité en Afrique.
Le nombre de ressortissants africains qui se déplacent en dehors du continent n'a jamais été aussi élevé, notamment les professionnels des affaires et les touristes. Certes, l'Afrique a pris le train en retard, mais elle évolue désormais de plain-pied avec la mondialisation. Le décollage économique du continent n'aurait pas été possible autrement.
Mesdames et Messieurs !
Les pères des indépendances de notre continent ne s’étaient pas trompés en plaçant notre culture, nos arts et la pérennisation de nos identités au cœur du combat pour l’émancipation politique et sociale des peuples.
En adoptant la Charte de la renaissance culturelle africaine, en janvier 2006, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine affirmaient au fond que les identités composites de nos peuples sont une richesse inépuisable, que la meilleure de toutes les politiques de développement est bien celle qui intègre l’investissement dans la culture et qui fait le pari sur l’épanouissement intégral des populations.
Aujourd’hui encore, les gouvernements sur l’ensemble du continent ont en réalité tout à gagner en investissant dans la production d’œuvres culturelles authentiques, signées d’artistes aussi talentueux que féconds.
Des œuvres qui célèbrent le beau et le vrai ; des œuvres à travers lesquelles se conjuguent l’utile et l’agréable; des œuvres qui nourrissent nos rêves et arrosent nos espérances ; des œuvres qui sont la figuration de notre univers sociologique, la représentation de nos réalités à la fois diverses et semblables ; des œuvres qui sont l’expression de notre mode de vie, la sublimation de notre attachement envers ce continent qui aspire si fortement à l’émergence.
Un continent appelé à restaurer la mémoire de son antiquité, à préserver son patrimoine séculaire, à se réconcilier avec ses propres valeurs morales, tout en étant à l’écoute des pulsations vertigineuses et controversées de son époque ;
Un continent, enfin, appelé à s’approprier sans concession les outils de cette modernité instrumentale et culturelle qui déferle sur le monde…de la même manière que le fit l’Europe du XVIe siècle, en s’affranchissant de son hibernation moyenâgeuse et de ses ténébreuses superstitions, avant de devenir la grande puissance qui allait dominer les mers, inventer le chemin de fer et susciter l’admiration de toute la terre.
Pour conclure, je voudrais citer Kwame Nkrumah, l’un des leaders panafricanistes les plus authentiques du siècle dernier. Dans son célèbre appel intitulé « L'Afrique doit s'unir », Nkrumah disait, je cite : « (…) l'Afrique a besoin d'un nouveau type de citoyen, un homme (ou une femme) dévoué, modeste, honnête et informé. Un homme (…) qui se met au service de la nation et de l'humanité. Un homme (…) qui abhorre la cupidité et déteste la vanité. Un nouveau type d'homme (…) dont le travail acharné et la détermination sont son caractère ; dont l'humilité est sa force et dont l'intégrité est sa grandeur ». Fin de citation.
Mesdames et messieurs !
Puisse la célébration de la 60e Journée internationale de l’Afrique constituer le ferment ardent de la résistance des peuples du monde face à tout projet de domination de l’homme par l’homme et de domestication de la liberté !
Puisse cette commémoration de notre « Jour de gloire » constituer le ciment véritable de l’unité des peuples du continent et nourrir l’argile généreuse indispensable à la Renaissance africaine !
Enfin, puisse cette date, gravée dans le marbre de l’histoire du monde moderne, nous engager à encore plus de détermination à travailler pour le bonheur de nos peuples solidaires, pour la prospérité et la félicité de la multitude !
Vive l’Union africaine !
Je vous remercie.