Réconciliation nationale en Libye : les Libyens mis devant leurs responsabilités

"Prenez en main le processus de réconciliation en cours dans votre pays, l’Afrique et tous les autres partenaires vous-y accompagneront jusqu’aux élections générales devant sceller le retour à l’ordre constitutionnel", cette exhortation a été lancée aux forces politiques libyennes réunies à Kintélé, près de Brazzaville, en République du Congo, le 20 juillet, dans le cadre de la réunion préparatoire de la conférence inter-libyenne de réconciliation.

La cérémonie d’ouverture placée sous les auspices du président de la République, Denis Sassou N’Guesso, président du comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur la Libye, a été marquée par une série d’allocutions rappelant l’espoir que constitue pour ce pays la tenue prochaine de la conférence de réconciliation. Ces assises attendues par tous sont le préalable à l’organisation d’élections générales dans ce pays en crise depuis 2011.

Dans son discours, le chef de l’Etat congolais, sur le métier depuis sept ans, a une fois de plus appelé les Libyens à privilégier l’intérêt général pour sortir leur pays de la tragédie : " Il y a cinq mois, à Addis-Abeba, les dix pays membres du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye ont réaffirmé l’urgence de créer les conditions nécessaires à la tenue de la conférence inclusive inter-libyenne de réconciliation que nous appelons de nos vœux ", a-t-il indiqué, ajoutant : " Devant l’intérêt supérieur de la Libye, je vous exhorte à approfondir le dialogue constructif ici à Brazzaville, par une expression libre au cours de vos échanges, dans la tolérance et la responsabilité".

Pour Denis Sassou N’Guesso les échéances électorales à venir sont " un défi réel " pour la Libye et " un pari légitime " pour l’Afrique. Il a invité les Libyens à " rétablir les passerelles entre les tribus, entre les communautés religieuses, entre les villes et les villages, car vous êtes un seul et même peuple ".

Les retrouvailles des forces politiques libyennes ont aussi montré une convergence de vues entre les partenaires impliqués dans ce dossier. Tour à tour, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat et Abdoulaye Bathily, représentant spécial du secrétaire de l’Onu, ont salué la disponibilité du chef de l’Etat congolais dans sa mission à la tête du comité de haut niveau, et assuré les Libyens de leur soutien jusqu’à l’aboutissement du processus de réconciliation.

Connaissant bien la Libye pour y avoir passé une partie de son exil, ainsi que le Congo qu’il fréquente depuis quarante-ans, Moussa Faki Mahamat a usé de beaucoup de pédagogie à l’endroit de ses " frères et sœurs " libyens, à qui il s’est longuement adressé en langue arabe. " La réconciliation à laquelle vous aspirez est une rencontre du cœur et de la raison ", a-t-il insisté, estimant sans intention de " leur faire des leçons " qu’il est question, en liant réconciliation et justice, et dans le respect de la souveraineté libyenne, de savoir tendre la main à l’adversaire, à l’ennemi, à l’opposant et bannir toutes les entraves internes et externes qui nuisent au processus de retour à la paix civile véritable.

Le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Abdullah Al-Afi a lui également exprimé sa gratitude au président du comité de haut niveau de l’Union africaine, considérant les assises de Brazzaville comme une " étape vitale " pour son pays. " Il est temps de rompre avec les erreurs du passé et il appartient à tous les Libyens de sauver le pays ". Dans cette perspective, il s’est dit optimiste de voir cette réunion préparatoire à laquelle toutes les parties libyennes ont été associées s’achever par l’adoption d’un calendrier sur la marche à suivre pour la tenue de la conférence de réconciliation.

Les engagements pris par les Libyens et les partenaires extérieurs qui leur viennent en soutien dans cette période délicate que traverse leur pays ne pourront produire les effets sur le terrain que si toutes les composantes de pays réalisent une fois pour toutes, comme l’a rappelé le président Denis Sassou N’Guesso qu’il n’y aura pas de solution militaire en Libye. Le témoignage de ce que les Libyens vivant dans le pays même et ceux de la diaspora veulent la paix, le ministre congolais des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso l’a porté au tout début de la cérémonie d’ouverture de la réunion de Kintélé.

 Ayant à plusieurs reprises été reçu par les dirigeants libyens et les chefs des communautés dans toutes les régions où ils sont établis, le chef de la diplomatie congolaise considère l’accueil chaleureux dont il est chaque fois l’objet comme la preuve que ses interlocuteurs ont confiance dans la mission que mène le chef de l’Etat congolais au nom de l’organisation continentale. La balle est bien dans le camp des Libyens.

 

Gankama N'Siah (Les dépêches de Brazzaville)

 

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