-Monsieur le premier ministre chef du gouvernement de la République du Congo !
-Mme la secrétaire générale de l'OIF !
-Mme la directrice générale de l'UNESCO !
-Mme et Messieurs les Ministres !
-Mgr !
-Révérends Pères de notre Eglise !
-Distinguées personnalités !
-Chers parents !
-Mesdames et Messieurs !
Tout a quasiment été dit sur le grand homme ici couché devant nous.
Membre de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (cette FEANF fameuse qui fut en réalité le creuset des premières élites africaines), Ministre de l’Education ; Ministre des Affaires Etrangères (illustre prédécesseur !); Ministre des Finances ; Premier Ministre ; Haut fonctionnaire à l’Unesco, sous l’autorité d’Amadou Mahtar M’Bow, son frère sénégalais aujourd’hui centenaire, ainsi qu’il a été dit ici et, pour terminer, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire du Congo en France. A ce titre, Henri Lopes fut pendant de longues années Doyen du Corps Diplomatique. Il n’a eu de cesse de conjuguer préoccupations locales, prises de positions panafricaines et dynamiques cosmopolites. Son œuvre littéraire porte la trace indélébile de ce goût du monde et de ses métamorphoses perpétuelles.
Ecrivain à la plume féconde, orateur à la verve inspirée des grands orateurs antiques, auteur de poésies, de nouvelles, de romans, d’essais et de mémoires, Henri Lopes, taquinait quasiment tous les genres. Il aura inventé un univers littéraire d’une rare densité.
Mais, Henri Lopes fut aussi un acteur politique de premier plan dans les années révolutionnaires que connut le Congo, sous le régime de la République Populaire. De l’avis général, il est définitivement entré dans l’histoire de notre pays en devenant l’auteur des paroles de l’Hymne National, ces inoubliables Trois Glorieuses que tous les enfants de la patrie fredonnaient avec fierté et orgueil devant le drapeau national, et ce, de 1970 à 1991.
C’était (ces Trois Glorieuses) véritablement un hymne à la grandeur du Congo, un appel fervent au ralliement, comparable à l’inoxydable « Chant des Partisans », une invite à la fraternité humaine, à la solidarité agissante, aux valeurs de civilisation, aux valeurs fondamentales de la vie.
Henri Lopes était également l’auteur de l’Hymne des jeunes Pionniers de notre pays, ainsi que le parolier de « Ata ozali », expression de la langue lingala que l’on pourrait traduire, en se référant au contexte de l’époque, par « Peu importe qui tu es ». « Ata ozali » était le refrain d’une chanson langoureuse qui célébrait l’universalité de la condition humaine, au-delà des « races », des régions, des religions, des ethnies et des tribus.
Bref (le temps est si court !), par sa plume, Henri Lopes nous a fait aimer la vie. Il nous a donné l’audace de bien vivre la vie. Cette plume, qui charriait comme une rivière en crue - qui charriait comme la Nkeni en crue, cette petite rivière qui baigne le village Ossio - des récits d’amour. Cette plume nous a littéralement transportés sur le char de l’apothéose et nous a procuré tant de plaisir, tant de volupté, tant de félicité.
Mesdames et Messieurs !
Le grand homme à qui la République du Congo, son Président, S.E.M. Denis Sassou Nguesso, et son Premier Ministre, M. Anatole Collinet Makosso ici présent, tenaient à rendre un hommage solennel, dans ce pieux cénacle et devant cet auguste assemblé, était effectivement Officier de la Légion d’honneur, ici en France. Mais il était Grand-Croix dans l’ordre du Mérite congolais, là-bas dans son Pays de Mpemba, terre de ses aïeux, sur les rives du grand fleuve qui baigne les deux cités jumelles du Malebo – Brazzaville et Kinshasa - Pays de Mpemba qu’il chérissait avec la même passion que son frère d’arme…littéraire, Sylvain Mbemba, auteur de cette belle formule.
-Monsieur le premier ministre chef du gouvernement !
-Mgr !
-Mesdames et Messieurs !
Je suis profondément persuadé que la beauté et la profondeur des œuvres d’Henri Lopes, leur virtuosité poétique, moulée dans ce réalisme flamboyant de l’urbanité congolaise qu’a sublimée avec beaucoup de talent son jeune frère Alain Mabanckou (notamment dans « Mémoire de porc-épic »), je suis persuadé que ses œuvres témoigneront à tout jamais de la richesse de son talent et de la puissance son génie.
Adieu, Henri !
Grand merci à Vous, Révérends Pères de l’Eglise !
Merci à tous !
Au nom du Gouvernement de la République,
du Président de la République et du 1er Ministre chef du gouvernement.
Paris, le 14 novembre 2023